Charité et Justice

Un concept de dire et faire

Que dit-on ? Charité bien ordonnée, on commence par soi-même . Est-ce faisable ? La quête de justice passe par la charité, la compassion et l’écoute, à minima.

Charité et Justice

La charité qui aime et qui sert la personne ne doit pas se séparer de la justice : l’une et l’autre, chacune à sa manière, exigent la reconnaissance totale et effective des droits de la personne, à laquelle est ordonnée la société avec toutes ses structures et ses institutions.

Tous et chacun ont le droit et le devoir de participer à la politique dans le sens qui est celui de servir la personne et la société, les gens ne peuvent absolument pas renoncer à la participation à la « politique », à savoir à l’action multiforme, économique, sociale, législative, administrative, culturelle, qui a pour but de promouvoir, organiquement et par les institutions, le bien commun. Cette participation peut prendre une grande diversité et complémentarité de formes, de niveaux, de tâches et de responsabilités.

Les accusations d’arrivisme, d’idolâtrie du pouvoir, d’égoïsme et de corruption, qui bien souvent sont lancées contre les hommes du gouvernement, du parlement, de la classe dominante, des partis politiques, comme aussi l’opinion assez répandue que la politique est nécessairement un lieu de danger moral, tout cela ne justifie pas le moins du monde ni le scepticisme ni l’absentéisme pour la chose publique.

Une politique pour la personne et pour la société trouve son critère fondamental dans la poursuite du bien commun, en tant que bien de tous les hommes et bien de tout homme, bien offert et garanti à l’accueil libre et responsable des personnes, individuellement ou en association : La communauté politique existe pour le bien commun ; elle trouve en lui sa pleine justification et sa signification, et c’est de lui qu’elle tire l’origine de son droit propre. Quant au bien commun, il comprend l’ensemble des conditions de vie sociale qui permettent aux hommes, aux familles et aux groupements de s’accomplir plus complètement et plus facilement.

Au surplus, une politique pour la personne et pour la société prend comme orientation constante la défense et la promotion de la justice, comprise comme une « vertu » à laquelle il faut former tout le monde, et comme une « force » morale qui soutient ceux qui s’efforcent de favoriser les droits et les devoirs de tous et de chacun sur la base de la dignité personnelle de l’être humain.

L’exercice du pouvoir politique doit se baser sur l’esprit de service qui, joint à la compétence et à l’efficacité nécessaires, est indispensable pour rendre « transparente » et « propre » l’activité des hommes politiques, comme du reste le peuple l’exige fort justement. Cela requiert la lutte ouverte et la victoire contre certaines tentations, comme le recours à des manœuvres déloyales, au mensonge, le détournement des fonds publics au profit de quelques-uns ou à des fins de « clientélisme », l’usage de procédés équivoques et illicites pour conquérir, maintenir et élargir le pouvoir à tout prix.

En même temps le peuple a le devoir de porter les valeurs humaines qui sont intimement liées avec l’activité politique elle-même, comme la liberté et la justice, la solidarité, le dévouement fidèle et désintéressé au bien de tous, le style de vie simple, l’amour pour les pauvres et les plus démunis.

Le style et le moyen pour réaliser une politique qui veuille viser un véritable développement humain, c’est la solidarité : cette solidarité requiert la participation active et responsable de tous à la vie politique, de la part de chaque citoyen et des groupements les plus variés, depuis les syndicats jusqu’aux partis ; ensemble, tous et chacun, nous sommes à la fois destinataires et participants actifs de la politique.

Ne pas oublier : la solidarité n’est pas un sentiment de vague compassion ou d’attendrissement superficiel devant les maux de tant de personnes, proches ou lointaines. Tout au contraire, c’est la détermination ferme et persévérante d’un engagement pour le bien commun, en d’autres termes pour le bien de tous et de chacun, afin que tous nous soyons vraiment responsables de tous.

La solidarité politique doit aujourd’hui se réaliser à la hauteur d’une ligne d’horizon qui, dépassant chaque nation ou chaque bloc de nations, se présente avec des dimensions proprement continentales ou mondiales.

Le fruit de l’activité politique solidaire, si désiré de tous, mais jusqu’ici toujours loin de son point de maturité, c’est la paix. Le peuple ne peut pas rester indifférent devant tout ce qui est négation et compromission de la paix : violence et guerre, torture et terrorisme, camps de concentration, militarisation de la politique, course aux armements, menace nucléaire. L’action en faveur de la vérité, de la liberté, de la justice et de la charité, est le fondement inaliénable de la paix.

En collaborant avec tous ceux qui cherchent vraiment la paix et en utilisant les organismes spécifiques et les institutions nationales et internationales,il faut promouvoir une œuvre éducative capillaire, destinée à vaincre la culture dominatrice de l’égoïsme, de la haine, de la vengeance et de l’inimitié, et à développer la culture de la solidarité à tous les niveaux. Cette solidarité, en effet, est le chemin de la paix et du développement.

Irwin Henry

Mai 2010 à ce jour, Informations Solidarité Conseils

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