Mme Pineau Françoise relaxologue

Burn Out - situation 6

L’Organisation Mondiale de la Santé et la Haute Autorité de la Santé ont reconnu ce syndrome et une reconnaissance législative. (2017 - 2018)

 Situation 6 : Mme Pineau Françoise relaxologue[1] me raconte, le 2 octobre 2015, qu’elle rencontre des clients qui demandent des attentions précises. Elle prend toujours la précaution d’un entretien général puis de quelques questions de sécurité comme : « Poursuivez-vous des soins par la médecine officielle ? » ; « Avez-vous eu de nouveaux soucis de santé depuis notre dernier entretien ? » etc.  Au cours de ses années de pratique et de formations, Mme Pineau a constaté le syndrome d’épuisement, sous plusieurs formes. Celle que nous avons retenue pour vous, est une « compilation ».

   Nous parlerons de M. X, sénior de cinquante ans travaillant énormément. Nous sommes dans le BTP. Sa famille est autour de lui et aucune séparation n’a eu lieu. Les faits se déroulent depuis l’année 2014 pour ce qui est de la crise principale mais nous verrons que ce n’est pas tout à fait exact. Son entourage s’est alarmé et il s’est fédéré autour de lui et il a insisté pour que M. X prenne des dispositions. Lui-même se reconnaissant peu, a accepté d’écouter les conseils de ce monde bienveillant.  

Mme Pineau :  On ne peut pas dire que cela fut facile mais il finit par comprendre un peu les risques qu’il faisait subir à son environnement. Il en était rendu tellement loin dans le mal-être qu’il décida d’agir.

S. B. :  Cet homme se rebellait-il contre son environnement ? 

Mme P. :  Oui, exact. « Tout l’emmerdait », excusez-moi l’expression mais ce sont les mots de M. X. 

S. B. :  Avez-vous eu connaissance du rythme de vie et de travail de cet homme, la répartition de ses vacances et de ses loisirs mais aussi de sa situation financière ? 

Mme P. :  Oui, il y avait la pression de l’entreprise, c’est-à-dire la charge de travail, le personnel, les clients mécontents, la gestion comptable… 

S. B. :  Y avait-il des pressions liées aux finances ? 

Mme P. :  Il était dans une légère baisse de fréquentation de la clientèle mais rien d’alarmant, ce phénomène n’était pas dangereux en continuité. 

S. B. :  Qu’elle est la forme de l’entreprise ? TPE, PME ? 

Mme P. :  Il s’agit d’une petite entreprise, ils sont cinq ou six personnes, pas plus.

S. B. :  M. X avait-il des problèmes relationnels ou de gestion envers ses employés ?

Mme P. :  Euh ! Il faut comprendre les équipes envoyées sur les chantiers, la surveillance du boulot, les réunions, la répartition des tâches, les gens malades à remplacer… Pour lui, il y avait plus d’un an que cela devenait impossible. Maintenant, il a repris sans dégoût, énervements ou conflits. 

 S. B. :  Si je vous comprends bien, les problèmes dont se plaint M. X étaient standards à la vie d’une entreprise ? 

Mme P. :  Effectivement, l’entreprise de M. X fonctionnait dans la logique d’une équipe et des pressions que demande la réussite.

S. B. :  Y avait-il des conflits particuliers entre les salariés, par exemple ? 

Mme P. :  Non, pas plus que d’habitude. « J’ai porté à bout de bras mon entreprise pendant des années. » disait-il et il exprimait être à la fin de ses capacités.     Nous convenons ensemble, sans être formelles, que l’isolement ne fut pas le facteur de ras le bol. Le travail d’entrepreneur n’avait pas été un choix mais plus, une obligation. De mémoire, Mme Pineau date l’entrée de M. X dans son entreprise à au moins une vingtaine d’années.  Nous convenons aussi que les signes d’épuisement étaient là avant 2014. Ils étaient interprétés comme liés à l’âge ou autres constats rassurants pour l’entourage.

S. B. :  En fait, Monsieur X n’avait plus d’espoir ?

Mme P. :  C’était un trou noir, « tout foutre en l’air » disait-il. « Ce n’était pas la prison mais le blindage » et « tout foutre en l’air », voilà ce que disait M. X avant la possible explosion qui n’a pas eu lieu.

S. B. :  Y avait-il une notion de routine qui s’était installée ? 

Mme P. :  Le mot plus juste serait « survie » et d’être en permanence obligé d’orienter la barre, sans jamais personne pour la prendre à sa place. 

S. B. :  L’entreprise était rentable et fonctionnait correctement sur le plan du personnel et des entrées de la clientèle. Alors, où se trouvait le souci ?

Mme P. :  Le défaut ne venait pas forcement du présent mais bien d’un décalage entre ce qu’il aurait aimé faire et ce qu’il fit durant une vingtaine d’années. 

S. B. :  Pourquoi n’a-t-il pas délégué, alors ?

Mme P. :  Il a délégué mais lorsqu’il le faisait, il ne se sentait pas au cœur de son entreprise ! Il disait prendre tout de face comme s’il s’agissait de projectiles et non d’équations logiques. Et au final, il attrapait « les trucs » comme il pouvait. M. X racontait être dans la tempête en permanence.    Pour le lecteur, il paraît important d’ajouter que M. X n’a aucun antécédent psychiatrique, qu’il ne se permet pas de boire ou de prendre des substances hallucinogènes et qu’il a toujours été plutôt prévenant et ouvert envers tous.  Lorsque j’évoque une situation en perpétuelle urgence, Mme Pineau parle plutôt d’un chef d’entreprise subissant. J’oppose que M. X a sans doute discuté avec un agent de maîtrise ou un directeur adjoint. Mon interlocutrice répond qu’il n’a pas délégué ou lâché ses difficultés. Il souhaitait préserver une confidentialité indispensable.  Je reprends qu’en 20 ans, il y a pu y avoir une accumulation d’anxiété, une tension inapparente et justifiée. D’autres conflits cachés comme celui du modernisme et de la rénovation, de l’adaptation à de nouvelles techniques ou l’arrivée de procédures pouvaient développer cet état. Il se peut aussi que la concurrence extérieure y soit pour quelque chose.

Mme P. :  M. X n’a pas établi de relation de confidence car sa société est trop petite, cela l’aurait mis en défaut vis-à-vis des travailleurs ou des clients. Il veille à cela et il tente de ne rien montrer.

S. B. :  A-t-il réussi à communiquer avec son entourage avant de déclencher son syndrome ? 

Mme P. :  Oui, il arrivait à dire à son frère qu’il n’était pas bien et il acceptait qu’on lui demande d’agir pour lui-même. Il n’était pas fermé mais il ne précisait pas.

S. B. :  A-t-il tenté de se suicider ? 

Mme P. :  Non, pas à ma connaissance. 

S. B. :  Que c’est-il passé entre le moment où on a commencé à lui parler et ses premières démarches ? 

Mme P. :  Son frère me connaissait et il lui a proposé de me rencontrer pour agir sur la recherche de solutions ! Donc M. X m’a téléphoné en me déclarant : « Je ne sais pas ce qui m’arrive, je ne vais pas bien, sans définir de quoi il s’agit. C’est nouveau et je vous appelle sans savoir m’expliquer. »  J’ai souhaité rencontrer M. X et sur la base d’un questionnaire, je découvre mon interlocuteur. Il n’a pas été hospitalisé et il ne prend pas de médicaments, il dit aussi avoir rencontré son médecin traitant.

S. B. :  Qui a déterminé que M. X a bien fait un burn-out ?

Mme P. :  Le médecin traitant avait diagnostiqué « plus qu’une dépression ». La réalité est que le mot « burn-out » n’a pas été posé ou en tout cas, il n’a pas été évoqué dans nos entretiens, si j’ai bonne mémoire.

S. B. :  Vous savez que le burn-out a une définition précise. Et puis dans le syndrome d’épuisement, la lumière allumée ou éteinte, plus rien ne marche si l’on n’a pas rechargé la relation corps/intellect. C’est du surmenage.

  Mme P. :  Ce monsieur dormait mal depuis longtemps, il était angoissé et il avait envie de tout casser, il n’arrivait plus à réfléchir efficacement, il manquait de concentration et des maux de ventre le fatiguaient en plus. Il mangeait avec peine. 

S. B. :  Vous a-t-il dit s’il camouflait ? 

Mme P. :  Oui, tout à fait. Il n’est pas certain que les idées suicidaires ne lui trottaient pas dans la tête car il n’était pas toujours en mesure de comprendre sa démarche.   Ce chef d’entreprise organisait une parade silencieuse depuis plusieurs années, en cachant ses idées tumultueuses et son mal-être. Finalement, l’idée de suicide lui était plus commune que prévue.  Monsieur X avait des relations aux autres manquant de fermeté ou d’affirmation, autant dans l’activité professionnelle que privée.  Maintenant, il prend le temps et il choisit ses relations en réfléchissant. Sur son lieu de travail, il pose une organisation plus conforme pour lutter contre l’envahissement. Il a institué un temps dans la semaine pour recevoir les clients, au lieu de prendre lorsqu’ils arrivent.   

 Mme Pineau constate que M. X faisait toujours passer les autres avant lui et sa tendance était à faire plaisir ou à ne pas s’opposer. D’une façon générale, M. X avait du mal à exprimer ses besoins ou ses saturations ce qui le poussait à être hyper actif et à ne pas se satisfaire. Depuis, il ne se laisse plus « manger » ! »  Mme Pineau explique l’incapacité par manque d’approches et non par manque affectif. Il y a des personnes qui n’ont pas acquis la connaissance du repos, de l’affection ou de l’argent positifs, par exemple. Lorsque ces apprentissages ne sont pas corrects, il y a souvent une angoisse qui se développe entre le vouloir et la réalité.  

 Question à la relaxologue, Mme PINEAU :  Comment peut-on expliquer l’équilibre des énergies dans la maladie ?

Mme P. :  Cet équilibre défaillant se constate dans le comportement. Le corps se manifeste : maux de cœur, de dos et autres, nausées… Le développement de symptômes amplifiés est un des repères. Les personnes expriment un mal-être physique. Ils se livrent sur leurs équations de santé et on peut déterminer si les émotions ne sont pas libérées ou synchronisées entre le mental et le physique. La manifestation répétitive de la colère ou de l’agressivité donnent une idée d’un malaise, d’angoisses cachées…   En général, je propose de lâcher ce qui passe dans l’esprit et comme cette personne est arrivée jusqu’à moi, il y a des mots : « Je suis perfectionniste… » ; « Je suis perdue… Je ne sais plus rien… » ; « Je n’ai envie de rien… ». Lorsqu’elle me dit « J’ai mal », « Je suis agressive », « Je suis anxieuse », si cela est suivi de beaucoup d’explications ou que l’on s’aperçoit qu’elle reste couchée une bonne partie de la journée, il y a deux idées à développer : « Est-elle malade d’une maladie reconnue ? Est-elle en parcours de soins ? Si ces personnes sont là, leur but est de retrouver un équilibre, une harmonie, un ressenti de bien-être.

   Le rythme de vie est fondamental. Entre le travail, la société difficile, les gens hargneux et en concurrence, le conjoint, les enfants, l’école, le ménage, les courses, la voiture, le loyer… c’est tout simplement ÉNORME !      

Extrait « Le syndrome d’épuisement » Sylvie BRIERE paru en 2016

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