L’ILLETTRISME / De quoi parle-t-on ? / où en est-on ?

L’illettrisme n’est pas sans solution et il ne touche pas la stupidité mais bien le manque d’apprentissage.

SEMAINE DU 6 au 12 septembre, SEMAINE de l’ILLETTRISME

L’ILLETTRISME - définition

De quoi parle-t-on ? Où en est-on ?

 « Être illettré » est l’état de personnes, qui bien que alphabétisées, sont incapables de maîtriser la lecture, l’écriture ou le calcul.

 L’alphabétisation consiste à reconnaître les lettres et les chiffres, tout en ne sachant pas forcément les utiliser pour lire, écrire ou compter… jusqu’à ne pas savoir déchiffrer une horloge, par exemple.

L’illettrisme et l’analphabétisme

 L’illettrisme s’apparente à une perte de moyen d’expression. L’Agence Nationale contre l’illettrisme explique : ’On parle d’illettrisme pour des personnes qui, après avoir été scolarisées en France, n’ont pas acquis une maîtrise suffisante de la lecture, de l’écriture, du calcul, des compétences de base, pour être autonomes dans les situations simples de la vie courante.

 Dans la situation d’analphabétisme, il n’y a jamais eu d’initiation à la lecture ou à l’écriture. Cela engendre le plus souvent une mise en marge sociale bien que, l’illettrisme puisse passer inaperçu par le mode de scolarisation massif d’un côté et une aptitude de l’illettré à trouver des stratégies de dissimulation.

Les composantes de l’illettrisme

 Les personnes illettrées sont des individus pour lesquels le système scolaire n’a pas réussi l’objectif d’apprentissage à divers stades ou bien, ils ont accumulé des retards silencieux et contournés, compensés, mal repérés.

 Statistiquement, les personnes illettrées ont été plus que les autres affectées par des problèmes divers (culturels, financiers, scolaires, familiaux…). On pense le plus souvent qu’un illettré est pauvre mais ce n’est pas si simple. La rupture peut s’installer par une perte de la pratique, la maladie, le handicap. Parce qu’il y a eu rupture ou des difficultés familiales/ professionnelles/ sociales, l’individu s’enferme dans son impossibilité.

 D’autres observations permettent de constater une dilution des compétences, faute de pratique courante. La mauvaise santé impose la perte, parfois. En France, toujours selon l’Agence Nationale contre l’illettrisme, 7% de la population adulte de 18 à 65 ans, est illettrée. Le vieillissement et l’immigration renforcent ces facteurs.

Insertion sociale malgré l’illettrisme

 L’illettrisme affecte l’insertion sociale Social.e ? - Définition, information même si certaines personnes font illusion par leurs stratégies de camouflage. Pensons ici, au sentiment ressenti face à ce handicap. J’écris « handicap » car moi, Sylvie BRIERE lorsque j’étais petite mon trésor a été la lecture, l’écriture et la curiosité de/du savoir. Sans ces trois ingrédients dans ma vie, je serais une personne très triste et peu construite. Oui, car chacun de mes pas a été accompagné par la connaissance et la remise en cause, en adéquation. Ces dernières se portent par la lecture dans nos sociétés modernes, c’est incontournable, rapide, vérifiable. Les personnes illettrées se heurtent aux demandes administratives et commerciales (sécurité sociale, banque, contrats divers…). Elles sont face aux obstacles de la vie quotidienne car elles ne peuvent lire un prix, elles sont dans l’incapacité de remplir un chèque avec fiabilité et maîtrise. Tant de démarches sont rendues compliquées, voire impossibles et surtout, dissuasives.

 La situation de certains illettrés se complexifie par le caractère inavouable, secrètement porté. L’individu se met en échec via ce qu’il peut ressentir comme une infériorisation lourde, un handicap, une souffrance indépassable.

 Certes, l’école lutte contre l’illettrisme. Il s’agit d’une de ses vocations et elle doit développer des soutiens. Le rôle, que se sont donné certaines associations, a pour objectif la lutte et l’apport de solutions différentes et complémentaires. Il n’y a pas de double emploi mais un renforcement pour les 7% d’adultes cités plus haut,

LA PRÉVENTION DE L’ILLETTRISME

 On peut lutter contre l’illettrisme par quelques mesures qui seront toujours à rénover :

  • Dès la petite enfance, en renforçant la familiarisation de l’enfant avec les livres et les mots par la lecture d’histoires mais aussi par le chant, le jeu. La notion d’affect est dedans, en plus, lorsque les parents développent une relation harmonieuse pour la langue maternelle, l’enfant est dorloté par elle.
  • En prévenant l’échec scolaire par des détections des compétences réellement acquises par l’enfant.
  • En approchant des réponses adaptées aux facteurs de risque comme les déserts culturels ou les familles pauvres en curiosités culturelles ou pratiquant une autre langue, sans celle du pays d’accueil.
  • En apportant du soutien aux enfants et aux familles et en relançant une dynamique favorable à l’apprentissage.
  • En proposant des formations aux jeunes en décrochage scolaire ou adultes confrontés à l’illettrisme.
  • En accueillant ce sujet par un accompagnement psychologique léger pour mieux établir les causes, les manquements et les handicaps au changement.

 Certains spécialistes comme les orthophonistes intéressés par cette difficulté pourraient utiliser leurs compétences pour soutenir des programmes de lutte.

 La remise en confiance de ces personnes est indispensable, elles souffrent souvent d’un sentiment d’exclusion marqué. Le travail peut-être long mais quand les personnes sont motivées et volontaires, les progrès sont spectaculaires. Ils ne sont pas parfaits mais ils ouvrent des horizons de vie quotidienne plus confortables, en société. Et c’est pour cela qu’il est préférable d’utiliser des documents standards, faciles et courants pour poser les nouveaux apprentissages sur du pratique et de l’accessible.

 L’association ATD QUART-MONDE a établi la distinction entre illettrisme et analphabétisme, ce fut un progrès notable.

 Le groupement interministériel permanent de lutte contre l’illettrisme fut créé en 1984, ce qui est récent.

 Il reste beaucoup à faire.


Témoignage de Monsieur Victor, sur l’illettrisme :

J’ai recueilli un témoignage fort en émotions et en inquiétudes, lors de mes passages dans les librairies pour dédicacer "le syndrome d’épuisement", entre 2016 et 2018.

Monsieur Victor se présente à moi et me dit, j’ai fait un burn out. Jusque là rien d’original vu le livre dédicacé.

Il ajoute qu’il a fait un burn out parce qu’il ne savait pas lire les consignes qu’on lui donnait sur son travail. Il dit avoir pris des habitudes curieuses pour éviter de montrer son handicap. Il cachait son ignorance et il restait dans l’observation de ses collègues pour comprendre comment il devait se comporter et à quelles consignes, il devait répondre.

Cela se compliquait toujours car il lui était impossible d’être dans le rythme de travail imposé et il y avait trop de nouveautés pour assurer la cadence.

Cela s’est encore plus complexifié à l’arrivée de la numérisation et des machines manipulables par un clavier avec des lettres à l’image des anglicismes Francophonie où es-tu ? Que fais-tu ? - Jean-Luc de Bastia.

Cela peut paraître incroyable et pourtant, ce monsieur d’environ 45 ans n’avait pas eu la « chance » d’être suffisamment lettré pour s’adapter à sa machine. Il avait aussi pour lui de savoir parfaitement compter de « tête » mais de ne pas savoir poser ses chiffres. Par l’intermédiaire d’un ordinateur cela lui est devenu totalement impossible.

Pour ne pas perdre son emploi, il n’a rien dit et il a commencé à cacher ses erreurs. En peu de temps, il s’est senti pris dans l’engrenage de la fatigue, du manque de satisfaction de son travail, de la concurrence avec l’environnement, de la déception.

Le plus dur était d’avoir la peur au ventre chaque matin, en pensant que l’emploi allait lui échapper. Il n’avait pas envie de parler à son chef, ni à ses collègues et il s’est enfermé.

***

Maintenant, tous les épuisements professionnels ne viennent pas de l’illestrisme ou de l’incapacité à réaliser les tâches. Il y en a beaucoup de liés à l’ambiance très dégradée dans l’entreprise et aux méthodes de harcèlement par la demande d’exécution de tâches inappropriées à la réalisation.

D’où le besoin de dépister l’illettrisme. A l’âge d’un démarrage dans la vie, comme la majorité, il serait sans doute judicieux de prévoir un passage obligé devant une dictée et un calcul pour que la jeunesse soit detectée dans ses manques pour y pallier.

J’ajoute que la maturité d’apprentissage d’une langue maternelle s’acquière avec l’expérience et la pratique.

A 15 ans, on n’a pas encore toutes les subtilités de la grammaire, du vocabulaire et de la syntaxe. Il est nécessaire de travailler et tout au long de la vie. On jongle avec nos souvenirs des règles qui s’effacent, avec l’apprentissage ou la compréhension de nouvelles subtilités de notre langue (ou des langues acquises).

L’illettrisme est un grand sujet que je rattache à la Francophonie car il nous faut être à la hauteur de notre langue devant le nombre de francophones dans le Monde.

Sylvie.Michèle.Briere-2024

Sylvie Michèle BRIERE, fondatrice

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Voir en ligne : Francophonnie et illettrisme

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