Séduire un patient ? - Diverses sources

Médecine, relation, prévention, patients, déontologie, positionnement, protection, obligations, legislation

→ Sujet qui tombe sous le coup du meilleur sens commun… Comment soigner objectivement un patient si l’on mélange la vie privée et professionnelle  ?

EXEMPLE : Il est clairement positionné, par la loi, que le médecin ne peut pas se faire soigner par un membre de sa famille.

A-t-on oublié pourquoi  ? La réponse apparaît comme une évidence. Tatie Danielle ou M. Hyde sont les parents de M. Docteur… D’après vous que feront-ils, s’il tombe malade, ce brave soignant  ?

Alors un patient qui devient un parent…

Pas de Commentaire.

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EXTRAIT :

Stéphane Long

| 07.04.2018 Le Quotidien du Médecin

Un an de suspension d’exercice. C’est la sanction infligée à un jeune médecin québécois pour avoir dragué un patient sur Facebook. La presse canadienne s’est fait l’écho de cette affaire qui remonte au 31 décembre 2016 et qui vient seulement d’être jugée.

L’omnipraticien avait reçu ce patient en consultation aux urgences de l’hôpital Saint-François-d’Assise pour des douleurs abdominales. Quelques heures après, il avait renoué la conversation sur Facebook et l’avait invité à le recontacter s’il ne se sentait pas bien. Mais les échanges avaient pris une toute autre tournure quelques jours plus tard : le médecin faisait savoir à son patient, âgé de 19 ans, qu’il ne serait pas contre un «  trip à trois  ». «  À mon avis, cette conversation n’est pas appropriée pour un médecin avec son patient  » répondit le jeune homme, qui portait plainte auprès du Collège des médecins québécois.

Le Conseil de discipline a reproché au généraliste d’avoir profité de son statut de médecin pour entretenir une relation avec un patient. Il l’a sanctionné malgré les remords exprimés par le professionnel et son engagement à suivre une psychothérapie.

Une affaire qui soulève des questions

La sanction est exemplaire, selon le Conseil, qui dit vouloir envoyer un «  message clair aux membres de la profession  ». Et pourtant, cette affaire soulève quelques questions. Un urgentiste qui aurait examiné un patient une seule fois est-il soumis aux mêmes obligations qu’un médecin traitant vis-à-vis de sa patientèle  ?

Pour le Dr Gilles Munier, vice-président du CNOM, ce praticien québécois aurait pu être sanctionné en France. «  On considère qu’un médecin qui a examiné un patient, même une seule fois, a pu découvrir des traits de caractère, un contexte psychologique particulier, voire une pathologie plus sérieuse au niveau psychiatrique  », explique le généraliste. Dans ce contexte, un praticien est en situation d’abuser de sa fonction de médecin, et de l’ascendant qu’elle lui confère, pour tenter d’avoir des relations à caractère sexuel avec son patient. C’est d’autant plus vrai lorsqu’il s’écoule peu de temps entre la consultation et la prise de contact, comme ce fût le cas dans cette affaire québécoise.

Peut-on vivre une histoire d’amour avec un(e) patient(e)  ?

Le code de déontologie médicale (articles 2, 3 et 7) met en garde les médecins contre ces dérives, sans toutefois interdire les relations sexuelles entre un médecin et les patients dont il assure le suivi, comme le réclamait récemment un collectif de médecins. Dans ses commentaires (voir encadré ci-dessous), l’Ordre est très explicite sur les possibles inconduites à caractère sexuel, notamment pendant la consultation.

Pour autant, le Dr Munier n’exclut pas une relation intime entre un médecin et son (sa) patient(e), sous conditions. Les témoignages de médecins ayant eu une histoire d’amour avec un(e) malade (allant jusqu’au mariage) sont là pour le rappeler. «  Quand on a affaire à deux adultes consentants, que l’asymétrie n’apparaît pas entre le médecin et son patient et que ce dernier ne présente pas de vulnérabilité particulière, on ne voit pas pourquoi il y aurait interdiction  », indique le Dr Munier. L’ordinal insiste cependant sur la nature de l’asymétrie entre le praticien et son malade.

«  Suivant la pathologie, si c’est un petit bouton à soigner par exemple et qu’il n’y a pas de suivi médical, on dira que l’asymétrie n’est pas énorme, avance le Dr Munier. Par contre dans le cas de pathologies psychiatriques, elle apparaît plus forte.  »

L’état de vulnérabilité du patient est également primordial pour évaluer la situation. «  Un malade qui a un faible niveau socio-économique, qui présente une pathologie anxiogène dépressive, est plus vulnérable. Le médecin connaît son profil psychologique… Il est en situation d’en abuser  » poursuit le généraliste.

La psychiatrie, un cas à part

L’Ordre recommande également d’adresser à un confrère le patient avec lequel il envisage une relation plus intime et de laisser passer un laps de temps raisonnable entre la fin de la prise en charge et le début de la relation.

Le cas des psychiatres est plus délicat, insiste cependant le Dr Munier. «  L’asymétrie est évidente. Le praticien a connaissance du mécanisme psychologique du patient.  » Au Québec, ce type de relation est interdit, rappelle l’ordinal. 

Il est courant de faire un mélange entre les relations professionnelles et personnelles.

Doit-on en oublier qu’une relation professionnelle se configure dans un rapport social plus étendu et que celui-ci configure des règles de protection, d’intérêt, de travail, de relations publiques, etc. ?

Sylvie Michèle BRIERE, fondatrice

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