Mal voyance et développement psychomoteur

Que peut-on comprendre ?

A travers les siècles, les personnes aveugles ont été victimes de nombreuses superstitions et fausses croyances.

Mal voyance et développement psychomoteur

  La mal voyance est un sujet complexe. Le type d’atteinte ainsi que son degré sont importants. Le sujet court le risque d’être rejeté du groupe des voyants et aussi du groupe des non voyants car il ne saura pas trop comment se situer ce qui peut entraîne une altération de l’image de soi.

Les principales difficultés de l’enfant mal voyant sont l’ajustement postural et gestuel (maladresse), l’ajustement de la perception et de la motricité (chutes). Le bébé est moins guetté par la passivité que le bébé non voyant mais il peut avoir des attitudes plus rigides.

Sur le plan tonico-postural, les enfants atteint d’une déficience visuelle importante présentent un fond tonique bas. Pour compenser les aspects d’hypotonie, ils ont tendance à produire des mobilisations posturales globales qui ne font que renforcer l’aspect massif de leur motricité.

Quand un mouvement plus précis est requis, l’enfant a tendance à contrôler pas à pas le déroulement du geste ce qui induit une diffusion tonique importante et pénalise les aspects de gestes harmonieux. L’enfant est plus centré sur la main qui tient l’objet que sur l’effet spatial du mouvement. Cela se remarque nettement au moment de l’apprentissage de l’écriture : l’enfant se rapproche du plan de travail et/ou s’appuie sur un hémicorps pour dégager le bras qui tient le crayon ou pour tourner la tête afin de favoriser la vision fonctionnelle du meilleur œil.

Les difficultés dans les déplacements sont considérées comme les plus gênantes de la mal voyance. Elles sont fonction de la vision restante et de son utilisation (vision fonctionnelle).

Certains enfants mal voyants dont l’attention se concentre sur la vue existante négligent inconsciemment les autres modes de compensation. Dans certains cas, ils peuvent voir mais ne regardent pas car leur stratégie de balayage visuel n’est pas adaptée.

Lorsqu’il se trouve dans un environnement inconnu, qu’il ne peut contrôler, le mal voyant dirige sa concentration sur les gestes à accomplir pour éviter les obstacles et gérer les reliefs éventuels, ce qui entraîne un état de fatigue important ; il doit faire le point au fur et à mesure de son cheminement.

Si le corps se meut dans l’espace, on peut aussi penser que l’espace est en mouvement autour du corps.

On peut également trouver des attitudes « vicieuses » pour mieux voir : inclinaison latérale de la tête, tête trop levée ou tête baissée…) cela entraîne des contractures des muscles de la nuque et des épaules mais interviennent également les sentiments d’insécurité et les tensions dues à l’état de vigilance. Il y a interactions entre le mauvais port de tête et les contractures mais il est important de se préoccuper de la position de confort visuel/ normalité sociale.

La déficience visuelle provoque un trouble de l’assimilation de l’environnement et de l’adaptation de l’être au milieu. Pour permettre un accompagnement de qualité, il faut connaître :

 l’acuité visuelle (vision monoculaire et binoculaire, vision fonctionnelle)

 type de pathologie (qualité de vision, champ visuel altéré ou pas)

 qualité de la poursuite oculaire, de la fixation

 contre indications.

Dans certains cas, si certaines particularités psychomotrices se rapprochent de celles de l’enfant non voyant, c’est plus par un défaut de regarder que par un défaut de voir.

Le regard des autres peut être mal vécu selon l’aspect extérieur que donne la pathologie (problème fréquemment rencontré avec l’albinisme).

  Au niveau visuel :

  A la naissance, il existe un nystagmus congénital.

  A 2 semaines, il lui arrive de ne pas fixer le visage des parents.

  A 3 mois, il peut commencer à mouvoir ses mains en réaction à la lumière, l’enfant peut avoir une vision insuffisante pour certains détails (mobiles), la vision périphérique peut être meilleure que la vision centrale.

  De 3 à 5 mois, l’enfant peut avoir des difficultés à fixer les objets, la vision lointaine peut être sérieusement atteinte, la fixation peut être retardée, il peut perdre du regard un objet déplacé trop vite, agripper et atteindre un objet peut être réussi tardivement, la vision stéréoscopique est inexistante ce qui diminue la perception du relief.

  De 5 à7 mois, la reconnaissance des formes est retardée, mauvaise coordination binoculaire.

  De 7 à 11 mois, aucun intérêt pour les objets minuscules, avec un nystagmus il peut y avoir des petits mouvements de tête pour correspondre avec le mouvement de la rétine, le mouvement des saccades peut être affecté et la localisation d’un objet dans l’espace rendue difficile.

  De 11 à 12 mois, le retard de développement moteur devient manifeste (3-4 mois de retard en général).

  De 12 à 18 mois, retard dans la reconnaissance des similitudes et différences, intérêt limité ou absent pour les images et pour l’utilisation des crayons.

  De 18 mois à 3 ans, un mouvement suivi et régulier des yeux apparaît rarement, la vision des couleurs est affectée s’il y a lésion de la rétine centrale.

  De 3 à 4 ans, il y a des problèmes prévisibles de discrimination entre les objets et le fond, de proportion et de représentation des formes.

  De 4 à 5 ans, lenteur du développement de l’orientation visuelle dans l’espace, difficultés dans la précision et clarté des détails, nommer les couleurs peut être retardé suivant l’état de la rétine.

Le développement du champ visuel se fait à partir du centre et est progressif jusqu’à 6 mois et la maturation est plus rapide en temporal donc penser à utiliser le champ visuel latéral chez le tout-petit (attention au siège auto ou maxi-cosi).

La binocularité ne se fait qu’à partir de 4-5 mois ce qui entraîne une évaluation des distances toute neuve.

Dominique BOULIER, psychomotricienne Instructrice de locomotion à la retraite.

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