BurnOut, les lambdas se lâchent !

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L’épuisement en entreprise n’est pas toujours solutionné. La vie moderne a du bon mais pas que !

Situation 14 : les « Lambdas »

Propos recueillis à partir de juillet à octobre par téléphone, courriels, réseaux… Ici les intervenants se sont « lâchés » comme on dit.

Monsieur CHSCT

Je suis salarié d’une entreprise de services et souvent confronté à des situations de stress. Cette problématique m’intéresse sur deux plans : personnel d’abord et surtout en tant qu’élu CHSCT1, instance par laquelle j’essaie de faire bouger les mentalités. Cela fait des années que je travaille sur les RPS2 et le stress mais je dois avouer que je me confronte à de fortes résistances. Du coup, j’en viens moi-même à être épuisé de me battre.

Madame je ne Démissionne pas

Pour moi, travail = souffrance. Je suis comptable et mon bureau est au fond d’un corridor sans porte. On m’ignore 39 heures par semaine. Il y a deux ans maintenant que la nouvelle direction s’arrange pour me faire craquer. Il faut voir par quoi elle me fait passer. Je tiens bon, c’est dur mais je ne démissionnerais pas !

Monsieur Fonctionnaire

J’étais fonctionnaire depuis 30 ans, totalement addict au travail, toujours disponible et très productif. Sauf qu’un jour, j’ai refusé un ordre provenant de mon supérieur hiérarchique qui une fois de plus m’ordonnait d’effectuer une mission dans l’instantané, sans ménagement. Sauf que monsieur était fortement alcoolisé et qu’il m’a insulté devant tous mes collègues. Je l’ai laissé continuer et brutalement, il s’est avancé d’un pas, il a collé son nez contre le mien. J’ai réussi à garder mon calme.

Par la suite, j’ai porté plainte auprès du procureur de la République et mon employeur m’a reconnu en A.T.3. J’ai été pris en charge par la médecine du travail, par un syndicat et un psychologue. J’ai tenu quatre mois et je me suis mis à boire de fortes doses de whisky avec des psychotropes, j’ai failli perdre ma femme et mes enfants et aujourd’hui ? Je fais 145 kilos. Certes j’ai arrêté de fumer, de boire et de prendre des calmants. Je suis suivi en HDJ4 et je reprends ma santé.

Madame Je n’ai Jamais aimé mon travail

Je suis agent de production dans l’agro-alimentaire depuis quatre ans et là, rien ne va. Je n’ai jamais aimé ce travail et j’ai accepté le CDI car les jeunes ne trouvent pas facilement d’emploi. Jamais je n’aurais cru que ça allait autant jouer sur mon moral. Pourtant, à chaque fois ça passe et j’y arrive. Je ne me fais pas harceler. Juste que la pression est trop forte, je trouve le travail trop dur. Les gestes répétitifs, le froid, les horaires et les amplitudes (9h par nuit en moyenne), le stress… J’ai craqué, grosses crises de larmes, etc. J’ai été arrêtée 15 jours, sauf que la semaine dernière, j’ai de nouveau craqué ! J’ai vu mon médecin qui m’a remis en arrêt en me prescrivant des anxiolytiques. Ça fait des mois que je suis mal, fatiguée, tout le temps entrain de râler. Je ne profite plus de mes repos car je pense au moment où je dois reprendre. J’angoisse qu’il y ait un truc qui n’aille pas, que ça râle, etc.

Je ne peux pas démissionner par rapport à l’argent. Je ne trouve pas d’autre travail. Ils ont déjà refusé deux ruptures conventionnelles donc je ne pense pas qu’ils accepteront pour moi.

Madame Je me Justifie mais pas trop

Il me fallait à tout prix me faire entendre pour me sentir soutenue. Echec : "Cesse de te plaindre. Tu retournes bosser demain", "Tout ça ce n’est que comédie…". La souffrance a été telle que je me suis mise à hurler de douleur ! Je pensais devenir folle, je pensais l’être devenue.

Cette incohérence dont on parle, je la comprends. Il y a un an une rupture totale a eu lieu entre ma mère et moi, suite à une violente dispute sur le sujet. Depuis, j’ai mis en place plein de projets. Même si les ruptures sont douloureuses, elles restent nécessaires. Oui, on a besoin d’être aidé et d’être aimé, de se sentir soutenu pour ne pas sombrer encore plus loin dans les profondeurs.

Monsieur Métaphore

Il n’y a pas de burn-out sans un abus de pouvoir et harcèlement. Donc, on devrait surtout s’interroger sur le management, le comportement de la hiérarchie et les valeurs de notre société. Je viens de m’en sortir. Je suis à la fin du processus et un peu en colère car presque deux ans de ma vie n’ont été que souffrance et fatigue, sans aucune reconnaissance.

Voilà la métaphore que j’utilise : « c’est comme tomber au fond d’un trou, se réveiller en morceau puis devoir remonter avec ses ongles, en rampant ».

Monsieur Oral au BAC

Je dois appeler mon employeur. C’est aussi stressant qu’un oral de bac. Au pire, je me dis qu’il ne pourra pas me refaire un deuxième trou du c… Sérieux, pourquoi stresser à ce point ?! Comme si je redeviens un gamin de 5 ans, coupable d’une bêtise alors que le mec a 30 ans, quoi ! Comment s’en sortir ? That is the question. En arrêt de travail, depuis un ras le bol général, je suis TERRORRISE tout simplement malgré les antidépresseurs et le soutien de mon entourage ! Dois-je me faire enfermer ?!

Madame Orthographe

Est-ce que quelqu’un a eu un souci avec son orthographe après un burn-out ? Je me pose cette question car en ce moment je suis fatiguée et ce problème revient en premier signe d’alerte.

Madame J’ai Peur du travail

Avec la réorganisation (externalisation des activités en Inde) et les nouvelles exigences de la direction, j’ai commis des boulettes… Cela tourne dans ma tête. On m’a dit "pourquoi tu n’en n’as pas parlé ?" On aurait pu te décharger. Je n’ai pas osé. De plus avec cette p… de réorganisation, on m’a fait confiance mais personne n’a adhéré au projet. Je me suis sentie rejetée par tous.

Nous avions une façon de travailler pendant 5 ans et tout a été (ré) organisé : changement de process et de responsables, pas de moyens à disposition pour bien faire son taf. Comme j’adore mon travail, tout est parti en sucettes. Tremblement, pleurs, irritabilité, j’en passe et des meilleures dans le genre « je suis nulle », « je suis responsable de tout le retard », etc.

Madame Oh ! Purée ! Panique n°2 !

Un cabinet comptable vient de m’appeler pour un entretien d’embauche. Là, je me dis youpi ! Mais il s’agit du cabinet de l’association où j’ai tellement souffert. Je me dis que forcément, ils savent qui je suis. Alors pourquoi m’appellent-ils ? Se souviennent-ils que je bosse bien ? Ou alors est-ce parce qu’ils m’ont oubliée et que ma candidature leur plait ? Ou alors… Ou alors… ? Des idées morbides et dévastatrices me viennent. Purée ! J’en aie marre que ma pauvre tête panique comme ça ! Il y a quatre ans, j’aurai tué père et mère pour ça et là, j’ai envie de m’enfuir comme une souris apeurée ! Mais ce n’est pas moi ça !

Madame De Quoi me parle-t-on ?

La première raison qui m’a poussée à vous rejoindre est que je ne comprenais pas bien ce qu’était un burn-out. En effet, il est majoritairement lié à l’exercice de notre profession, non ? Pourtant, le seul endroit où je me sentais au mieux, était justement mon travail. Le motif qui m’a fait chuter est d’ordre personnel et non professionnel. Je commence à comprendre que le retour au travail, malgré mon envie, me cause un stress important. Je ne me reconnais plus. Alors quand le mot burn-out est sorti de la bouche du médecin, cela a provoqué une grande surprise.

Madame Silence

Mon entreprise a facilité mon départ en inaptitude, c’est malheureusement la seule aide que j’ai pu avoir. Aucun support AVANT que mon corps ne lâche et que je craque nerveusement et psychiquement. Les salariés souffrent en silence jusqu’à ce qu’ils n’en puissent plus.

Madame Je Veux Arrêter cela !

Infirmière depuis plus de 20 ans, je pensais être à l’abri par les valeurs bienveillantes de ma profession, mes compétences me paraissaient reconnues puisque je suis cadre infirmière.

J’ai fait un burn-out très grave il y a 2 ans, suite au harcèlement moral sur mon travail, après avoir dénoncé de la maltraitance (je suis dans le médical).

Je m’en suis sortie. J’ai démissionné et je me suis soignée. Ça a été très dur et c’est allé très loin, un tsunami dans ma vie !

Monsieur Je n’y Vois plus

J’ai lu souvent que la vision baisse durant le burn-out. Pour ma part, j’ai eu de gros problèmes avec ma vision surtout en plein dans la maladie ! Mais ni l’ophtalmologue, ni le médecin n’ont fait le rapprochement avec mon état d’épuisement. Pourtant aujourd’hui, ma vue n’est plus aussi troublée qu’au début, mes yeux ne coulent plus durant la nuit…

Mme/M. Changement

Créer, faire des choses différentes et rassurantes, partir loin de la toxicité ! Oh oui ! Eviter les personnes "toxiques" !

Mme/M. Changer d’air

Voyager, changer d’air, jardiner, peindre, faire des choses anodines. Apprécier chaque moment et une des méthodes est d’énumérer 50 actions faites ce jour : 1- se réveiller ; 2 - respirer ; 3 - se lever ; 4 - prendre son café, etc. Pensez-y !

Mme/M. Famille

Pour éviter le pire, j’ai toujours pensé à mes enfants.

Mme/M. On se Prend en charge

Ça fait vraiment peur tous ces gens non médecins qui s’occupent du cerveau des autres. J’ai vu des copines aussi aller régulièrement chez un psy, comme on va à la gym, durant plus de trois ans !

Pour ma part, je conseille d’aller chez un médecin, un psychiatre et votre problème pourra être réglé. Je pense aussi que cela vient beaucoup du patient et de sa motivation à se dire : « Maintenant basta ! » C’est clair aussi que l’entourage n’a pas envie que l’on se plaigne en boucle et je comprends que ça leur est fatigant. Ça pourrait même les rendre malades à leur tour.

Mme/M. Recherche

Il y aurait trois grandes familles dans le soutien : le soutien émotionnel (partage du vécu, encouragements, empathie, entraide…), le soutien informationnel (partage d’informations plus factuelles : lois, processus, soins, etc.) et le soutien matériel (offres de biens et de services).

Mme/M. Tri sélectif

Se ressourcer, se remettre en question, faire des choix…

"Le syndrome d’épuisement" paru en 2016 chez Fortuna.

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