L’Attractivité des métiers agricoles

Regardons ce que l’on peut faire

L’agriculture un mot rendu générique pour qualifier toutes les filières de production de la Terre. Les jeunes rechignent pour ses métiers, dit-on. Au final, il y a des candidats et on devrait être attentif à leur donner de véritables chances de réussite.

Quelles pistes pour développer l’attractivité des métiers de l’agriculture ?

Juin 2020, en seconde lecture, l’Assemblée Nationale a adopté la proposition de loi visant à ce qu’un exploitant agricole ayant une carrière complète reçoive une retraite à 85% du SMIC. Cela équivaudrait à une hausse de 110 euros/mois. L’entrée en vigueur est fixée au 1er janv. 2022 et concerne 196 000 personnes. Les conjoints et aides familiaux resteront à 555€ ne pas pas concernés.

Sources : CAS et autres.


 Promouvoir l’emploi agricole, de la filière bois et de l’agroalimentaire etaméliorer les conditions d’emploi et de travail dans ces métiers ;

 Réduire les freins au recrutement en agriculture, notamment par la promotion de la mutualisation de l’emploi (groupement d’employeurs…) ;

 Adapter les conditions d’emploi aux spécificités agricoles, avec plus de souplesse dans les horaires pour tenir comptes des pointes de travail inhérentes à l’activité agricole, et une réflexion de fond sur le statut et la formation des saisonniers ;

 Communiquer sur les métiers de la filière et les besoins des entreprises en main- d’œuvre

…/…

 Développer l’observatoire des métiers en agriculture (rassembler et mutualiser offres et demandes d’emplois des TPE sur les territoires quel que soit le secteur) ;

 Revaloriser les métiers agricoles ; Pour pérenniser ce potentiel d’emplois, il faut réussir le changement générationnel d’ampleur qui s’annonce dans le secteur agricole. Dans le cas contraire, le risque à court terme est de voir disparaître un grand nombre d’exploitations sans repreneur. Les enjeux de transmission et d’installation sont donc primordiaux.


EMPLOIS SAISONNIERS

L’emploi saisonnier pourrait être encore plus problématique en 2021 que l’an passé. Ainsi, dans un entretien diffusé par France Info, ce 28 février, Jean-Baptiste Vervy, dirigeant de Wizifarm, soulignait : « On sait que, par exemple, au mois de mars, il s’embauche en théorie 80.000 personnes ; il y en a 50% qui sont des travailleurs étrangers » dont tous ne pourront peut-être pas entrer sur le territoire français, suivant l’évolution de la situation sanitaire. Selon l’entrepreneur, « pour les 40.000 [autres] personnes qui restent sur le sol français, il y a entre 10 et 25% de turn-over. »

Autrement dit, selon l’avancée des cultures, le besoin de main d’œuvre complémentaire pourrait être de 10.000 à 60.000 personnes. Annuellement, l’agriculture saisonnière représente près de 200.000 emplois dont la moitié est importée.

Pour mémoire, Le Carrefour des Acteurs Sociaux s’était mobilisé, sans succès, pour contribuer à l’embauche de citadins issus de banlieues. Plusieurs solutions aux échelles locales auraient été trouvées. L’année dernière, s’est souvenu Jean-Baptiste Vervy, il y a eu un appel [du gouvernement] à aider l’agriculture. Alors c’est sympa, mais l’agriculture, c’est quand même des vrais métiers, avec des vrais besoins de productivité quelque part. C’est un gros mot, mais c’est quand même un peu le cas. On a besoin de gens qui tiennent la route physiquement, qui résistent à l’effort aussi. » Dans le même temps, un responsable de l’ANEFA, Agence Nationale pour l’Emploi et la Formation en Agriculture, intervenait : « On peut commencer par les vendanges, c’est un premier pas. Et on peut s’orienter ensuite vers une formation avec laquelle on se sent en affinité. Il y a du choix, les animaux, le maraîchage, la vigne… Plein de choses peuvent vous correspondre. » France3 – Bourgogne, le 20/05/2020.


Du côté agricole et saisonniers

Pour près d’un agriculteur sur deux, les recrutements se sont avérés difficiles. L’agriculteur a souvent constaté des situations administratives personnelles délicates. D’autre part, 24 % des saisonniers auraient été recrutés via Pôle Emploi qui n’est pourtant pas une agence spécialisée en matière agricole.

Ainsi, nombre de saisonniers découvraient les exigences physiques, de réalisations sur le terrain. Il y aurait eu beaucoup de départs rapides de saisonniers, obligeant à de nouveaux recrutements. Certains de ces saisonniers « occasionnels » auraient été donc justifiés de soucis d’ordres physiques liés à la pénibilité. Mais d’autres, auraient eu recours à un travail temporaire dans le but de compléter des revenus, d’ouvrir ou de préserver d’éventuels droits sociaux. Il convient néanmoins d’être prudent parce que toutes sortes de situations ont pu exister.

Il y eut au final, plus de 300.000 personnes se disant disponibles alors que le besoin était de 200.000, soit un réel engouement.

  • L’émergence de nouveaux intervenants La gestion des embauches se révèle une activité prenante pour laquelle l’agriculteur préfère déléguer afin de s’investir dans son métier principal, ce qui lui permet aussi d’encadrer son travail, de former des collaborateurs. De fait, il y aurait un goût aux entreprises de services, mettant des personnes à disposition contre une facture, plutôt que de gérer des aléas administratifs ou individuels.

D’autres démarches de types « RSE, Responsabilité Sociétale des Entreprises » ont été citées pour faciliter les recrutements locaux, faciliter l’insertion dans des circuits-courts et au sein de territoires de proximité. Certains observateurs auraient même évoquer la nécessité de renforcer le lien entre les habitants d’une région et les entreprises. En effet, la saisonnalité des cultures permet une certaine prédictibilité des emplois à pourvoir. Une certaine pérennisation des engagements aideraient chaque partie à s’investir, sinon à modifier son appréciation des emplois, des employés saisonniers.

Il apparaît nécessaire donc de rapprocher les structures compétentes et capables de satisfaire aux besoins. Si l’ANEFA Agence Nationale pour l’Emploi et la Formation en Agriculture a été citée comme un relais institutionnel envisageable, il faut néanmoins souligner son silence lorsqu’elle fut approchée en avril et mai 2020. Afin de dépasser les cas de figures singuliers, il a été convenu qu’un groupe de discussion pouvait être créé et animé via le Carrefour des Acteurs Sociaux. Mme Arafat M’Baé souligna que de nombreux jeunes se seraient volontiers investis au printemps 2020. Inscrits mais, non sollicités, ils ont vécu une déception laquelle est « possible une fois », précise-t-elle.

La nécessité de pérenniser

A sa manière, le confinement du printemps a révélé la prise de distance croissante entre les gens au fait des questions rurales et agricoles et le reste de la population.

Une sensibilité sociétale par territoire resterait facilement mobilisable. Des préjugés multiples sont certainement à dépasser. L’appel aux saisonniers « Des bras pour ton assiette » et « Des villes et des banlieues pour nos campagnes » sont deux exemples qui ont reçu des réponses nombreuses. Il reste à rapprocher durablement les compétences.

Le savoir-être et la bonne volonté sont deux critères appréciés comme prioritaires. De plus, un agriculteur auraient de la satisfaction de pouvoir être connu et reconnu comme employeur récurrent. Pour tous, une visibilité sur les ressources et les moyens à investir pour engager un contrat « moral » dans le temps constitueraient une étape saine, garante de succès à venir. D’un point de vue pratique, le printemps 2021 serait moins une surprise, en cas de situation analogue. Néanmoins, au-delà des constats dressés, saisonniers et agriculteurs ne pourraient pas gagner seuls. Les élus locaux pourraient-ils être impliqués pour aider à résoudre des situations pratiques, des contraintes spécifiques selon les zones géographiques, où compétences et savoirs pourraient émerger durablement ? La question reste ouverte.

Des cadres de vie à re connaître

Les derniers points rapportés interrogent sur notre connaissance réelle des besoins dans les métiers agricoles. Cela dans un contexte où il devient fréquent de voir des villages sans exploitation agricole. Il existe certes une distanciation entre les villes et les campagnes mais également au sein des zones rurales. Une redécouverte des territoires semble donc une nécessité.

En terme de freins existants, l’exemple de la région de Sauveterre-de-Guyenne, avec ses 1.200 bénéficiaires du RSA craignant de perdre leurs soutiens sociaux en cas de reprise d’une activité salariée temporaire est un exemple de situation à éclaircir.

Plus largement, l’attractivité économique par filière et répartition des valeurs économiques est largement méconnue. Parce que 200.000 à 300.000 emplois existeraient grâce à l’agriculture redécouverte, des règles simples seraient à lister afin que d’anecdotiques, les questions agricoles soient à même de remobiliser l’ensemble de la société.

Il a été indiqué un principe de TVA sociale à considérer. Un examen au regard des règles de concurrences et de droit fiscal mériterait d’être un sujet d’étude et de perspectives. Une reconsidération des points de vues sur la ruralité aideraient à allier réalités sociaux-économiques et volonté de vivre au mieux.

En conclusion,

Les zones rurales et agricoles ont des spécificités à redécouvrir et à mettre à plat afin de se réapproprier les potentialités des territoires. Les bonnes volontés existent bien qu’elles puissent facilement se heurter à des situations diverses.

Le Carrefour des Acteurs Sociaux peut, dans une certaine mesure, aider à établir un consensus croisé des situations. L’action « Des bras pour ton assiette » menée par Wizifarm met en évidence nos besoins et, de prises de consciences par des institutionnels, des entreprises et, du grand public.

Des actions concrètes en 2021 peuvent être envisagées avec les associations implantées en région parisienne ou, marseillaise. La mobilisation en amont et en aval de ces chaînes potentielles de saisonniers pourra-t-elle devenir effective ? Au-delà de quelques constats brièvement rapportés, des chemins « possibles » existent certainement. Cela demandera certainement des volontés de dépasser des réactions individuelles. Des volontés existent, elles sont à relayer et à structurer.

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Références : www.chambres -agriculture.fr/exploitation-agricole/gerer-son-entreprise-agricole/ coronavirus/situation-economique-des-filieres-par-regions/

https://chambres -agriculture.fr/publications/toutes-les-publications/la-publication-en-detail/actualites/ le-projet-strategique-2019-2025-des-chambres-dagriculture-version-memo-de-poche/


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